Avec une population qui devrait atteindre en 2050 les 665 millions d’habitants (Source : ONU, WPP 2022 Revision), des sols arables déjà fortement exploités (90%) et un stress hydrique qui ne cesse de s’amplifier, la zone Méditerranée voit son équation agricole et son équation démographique se complexifier. Sur le long terme, les rendements agricoles de cette zone (placée à un endroit stratégique des échanges de céréales) baisseront selon les prévisionnistes, et sur le court terme les chiffres issus du dernier bulletin MED-Amin Bulletin 2023 N.2 « Conditions de culture au 10 mai 2023 » confirme cette tendance de fond.
Ainsi, selon ce rapport de Med Amin (réseau de 13 pays riverains de la Méditerranée, coordonné par le CIHEAM), « le Maghreb et la péninsule ibérique sont confrontés à l’une des pires sécheresses saisonnières de ces dernières décennies. Par rapport aux perspectives précédentes, cela s’est traduit par une détérioration des conditions de culture et des prévisions revues à la baisse pour la production céréalière 2023, en deçà de la moyenne, en particulier pour l’orge. La sécheresse est devenue particulièrement intense en mars, affectant négativement la photosynthèse des céréales d’hiver pendant la floraison et accélérant la maturation en avril au détriment de la production primaire. Des pertes de récoltes sont très probables dans plusieurs régions importantes productrices de céréales en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Les conditions météorologiques observées au cours de cette période ont été marquées par des contrastes saisissants de conditions de sécheresse et d’humidité, ce qui a influencé les cultures dans de nombreuses régions. Les conditions de développement favorables observées dans les Balkans, en Italie, en France et en Turquie devraient compenser les mauvaises perspectives dans les pays de Méditerranée occidentale.
28% de la superficie de blé dur plantée dans la région se développe dans des conditions mauvaises
28% de la superficie de blé dur, une denrée et une culture typiquement méditerranéenne, plantée dans la région se développe dans des conditions mauvaises, conduisant parfois à la perte de la récolte. Principaux pays concernés : l’Algérie, le Maroc et l’Espagne, qui contribuent à respectivement 13%, 11% et 5% de la production de la région MED-Amin en blé dur. « Cette proportion est plus élevée que l’année dernière à la même date (20%). En particulier, 20% des zones évaluées sont considérées comme « mauvaises » et 8% en « effondrement de culture », contre 18% et 2% respectivement l’année précédente (voir le diagramme ci-dessous) » constatent les auteurs du Bulletin.