Nourrir la planète : faudra t-il choisir entre souveraineté et durabilité ?
Avec les bouleversements nés de l’épidémie de Covid, de la guerre en Ukraine et du changement climatique, les équilibres qui semblaient acquis sont désormais menacés. La France, grande nation agricole, peut-elle jouer un rôle dans la nécessaire sécurisation alimentaire mondiale ? Et peut-elle le faire en mettant en avant sa vision durable et vertueuse de l’agriculture ? C’est à partir de cette mise en contexte et ces questionnements que le journal L’Opinion a organisé le 6 juin dernier une conférence intitulée « Nourrir la planète » réunissant experts et acteurs du secteur agricole.
« N’ayons pas le même retard sur l’agriculture que celui que l’on a découvert l’an dernier sur l’énergie ! » a rappelé dans une keynote d’introduction Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire; ajoutant que la souveraineté étant liée à notre capacité d’assumer des interdépendances choisies, « la Commission européenne doit se saisir collectivement du sujet et en faire un véritable enjeu stratégique européen, le Commissaire à l’agriculture et le Commissaire à l’environnement doivent s’emparer ensemble de cet enjeu. Arrêtons au niveau européen de travailler en silos. »
Le concept de pensée en silos à d’ailleurs traversé les débats qui ont suivi notamment la première table-ronde consacrée à « La souveraineté alimentaire : à quels prix économique, social et environnemental ? » et réunissant Sébastien Abis, Directeur du Club DEMETER et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRI), Thierry Blandinières, Directeur Général, InVivo et Anne Trombini, Directrice Générale, Pour une Agriculture du Vivant.
Rappelant le décalage et la déconnexion villes/campagnes, Sébastien Abis a insisté sur le rôle capital en ce siècle de déséquilibres géopolitiques et climatiques des agriculteurs, ces « intellectuels des mains » , au service desquels « il ne faut pas désarmer et continuer à investir en Europe ». Comment ? En travaillant avec « constance et dans le combinatoire ».
Inquiète pour sa part d’une alimentation à deux vitesses, Alessandra Kirsch, Directrice des Etudes du Think tank Agriculture Stratégies, a voulu dénoncer les raisonnements en silos, compromettant la mise en place d’un système politique agricole durable.
Enfin, lors de la dernière table-ronde axée « la Tech pour changer l’agriculture de demain » réunissant Florian Breton, Fondateur & CEO de Miimosa
Bernard Chevassus-Au-Louis, porte-parole de l’Académie des technologies, inspecteur général honoraire de l’agriculture, ancien directeur général de l’INRAE et du Museum national d’histoire naturelle et Dominique Chargé, Président de la Coopération Agricole. « Génétique, robotique, numérique, biocontrôle… Les coopératives sont des laboratoires à ciel ouvert au service de l’agriculture de demain. » a rappelé ce dernier. « Et pour accélérer les transitions nous avons de nouveaux besoins en formations et compétences dans le secteur agricole. »
Des échanges vifs sur les défis actuels de l’agriculture et sur les solutions concrètes à mettre en place.